lundi 30 août 2010

Quelle situation pour Snecma en 2010 ?


Snecma et la crise !

Jeudi 29 juillet 2010 s’est tenue au Siège Snecma Courcouronnes, la dernière réunion du CCE de l’entreprise avant les vacances d’été, en présence du PDG de l’entreprise, Philippe PETITCOLIN.

L’ordre du jour comportait :

Le rapport de l’expert comptable du CCE sur les comptes Snecma 2009 et la première itération 2010, suivi
• Du point sur la situation de l’entreprise,
• Des informations trimestrielles – deuxième semestre 2010.

Ces deux derniers points sont traités par le PDG.

Tout le monde se souvient de la crise mondiale de 2008-2009 apparu courant septembre 2008.

En juillet 2009 en pleine crise mondiale, le PDG de l’entreprise s’était exprimé sur la situation de Snecma de la façon suivante : «… 2008 est une bonne année. 2009 est à peu près jouée. Sauf catastrophe, on peut s’en sortir honorablement. 2010 est un gros point d’interrogation. On rentre dans la crise ; nous n’y étions pas encore… ».

Et de poursuivre : «… le premier semestre 2010 serait encore acceptable… si crise il y a, elle se manifesterait plutôt à partir du deuxième semestre 2010… ».

A l’arrivée, le résultat de l’exercice 2009 se révéla meilleur que l’exercice 2008.

Après la réunion du CCE Snecma du jeudi 29 juillet dernier et la présentation du rapport de l’Expert comptable du CCE, SECAFI, y voit-on aujourd’hui plus clair, l’avenir est-il devenu plus éclairé ?

L’UNSA Snecma reste sur sa faim !

Les constats faits sur l’exercice 2009, selon le rapport SECAFI :

La Conjoncture

• L’exercice 2009 s’est déroulé dans un contexte dégradé, avec de très fortes baisses du trafic, mais néanmoins circonscrites depuis l’automne 2009.
• Les compagnies Aériennes ont ajusté leurs capacités à cette donne ;
• Mais, l’activité 2009 d’Airbus et de Boeing est au plus haut historique ;
• La situation financière de Snecma est demeurée « plantureuse » ; belle image qui décrit cette situation financière de l’entreprise ;
• La Direction Industrielle de Snecma a fortement « réduit la voilure » en 2009 et augmenté sa capacité en 2010 ;

L’Emploi

• Snecma a enregistré en 2009 un faible niveau d’embauches et un haut niveau de départs. La conjonction des deux phénomènes a eu un effet accélérateur sur la baisse de l’effectif de l’entreprise.

• Embauches : 160 personnes, dont 101, hors Groupe. Ces embauches sont principalement des Ingénieurs débutants, à la Direction Technique, mais aussi dans les Bureaux d’études et aux Bureaux des Méthodes à la Direction Industrielle.

Pour 2010

Les embauches : Elles devraient reprendre en 2010 :

• Janvier/février : 130 à 150 embauches
• Entre 200 et 300 embauches sont prévues pour 2010

Les départs :

• 102 personnes actuellement en CASA quittent l’effectif de l’entreprise en 2010 ;
• Départs en retraite : Entre 400 à 500 personnes.

La conjoncture : Elle s’appuie sur :

• La reprise du trafic, estimée à +10 % selon l’IATA, avec (+16 %) pour l’Asie-Pacifique
• L’augmentation de la cadence : Airbus et Boeing augmentent leurs cadences de production :

▪ Airbus : à 36 avions/mois
▪ Boeing : à 35 avions/mois jusqu’en 2012


Mais, que dit le PDG de l’entreprise, Philippe PETITCOLIN ?

Le PDG a insisté sur les efforts à faire par l’ensemble du personnel pour les années qui viennent.

Il prévoit d’augmenter encore plus, la productivité, notamment par la baisse des temps, la continuité des chantiers LEAN.

Philippe PETITCOLIN confirme, qu’il veut impliquer le personnel :

▪ Recrutement de personnel au niveau des ressources techniques ;
▪ Formation pour améliorer les compétences
▪….

Analyse et position de l’UNSA

Cette réunion CCE Snecma du jeudi 29 juillet à Courcouronnes a été riche en informations. Cela devrait amener tous les acteurs du dialogue social, les responsables syndicaux compris à une prise de conscience sur l’émergence désormais de la problématique de l’emploi à Snecma comme dans les autres sociétés du Groupe, dans les années à venir.

Bien entendu, l’UNSA comme d’autres Syndicats demande des embauches, tant à Snecma qu’au Groupe SAFRAN.

Parti à la date du 1er février 2009 avec un effectif initial d’environ 12.000 salariés à la suite de l’intégration au sein de Snecma, de Snecma Services et une partie de l’effectif d’Hispano-Suiza, la question est :

A combien sera cet effectif Snecma, seulement à fin 2012 ?

En effet, depuis avril 2009, le Groupe SAFRAN a lancé dans le cadre de la démarche SAFRAN + et sur une période de quatre ans, une série de chantiers de modernisation qui doit porter sur tout le domaine des métiers « Support ». SAFiRH et SAFRAN Purchasing furent lancés dans ce cadre et leurs objectifs cibles sont fixés pour fin 2012.

Dans un tract d’information que nous avons distribué début mai à Evry-Corbeil sur ces chantiers lancées par le Groupe nous en étions arrivés à la conclusion suivante :

« De ces deux exemples (SAFiRH et SAFRAN Purchasing), il nous semble pouvoir tirer la règle de récurrence suivante : chacune des chantiers choisi va conduire à une réduction de l’effectif actuel du périmètre Snecma concerné. Il en ira de même pour toutes les sociétés du Groupe ».
Et nous ajoutions : « On imagine aisément la situation à partir de 2012, lorsque TOUS les chantiers prévus auront été mis en œuvre ».

Nous aurions aimé que cette analyse que nous faisions au mois de mai dernier fût erronée. Hélas ! Nous craignons qu’elle soit proche de la réalité.

De plus, il y a dans le cadre du « dossier retraite » la problématique de l’emploi des salariés seniors qui doit conduire cette population à accroître son nombre d’années moyen de travail, de 60 à 64 ans.

Tout ceci donne une certaine résonance aux propos tenus ce jeudi 29 juillet 2010 par le PDG de Snecma, lors de cette réunion du CCE de l’entreprise.

Autant dire que nous rentrons désormais dans la problématique de l'optimisation de l’emploi à Snecma. Et d’une manière générale dans toutes les sociétés du Groupe SAFRAN.

Et là pour nous les Syndicats, nous sommes face à la quadrature du cercle.


N’hésitez pas à user de votre droit d’intervenir, via les commentaires que vous pouvez faire sur notre blog.

dimanche 22 août 2010

Feu vert pour réorganiser les Achats hors Production du Groupe SAFRAN !


Et de deux !

Après le feu vert obtenu en octobre 2009 pour la mise en place de ce qui était alors le projet
SAFiRH, aujourd’hui en cours de mise en œuvre, c’est au tour du projet Groupe SAFRAN Purchasing, destiné à la réorganisation des Achats hors production du Groupe SAFRAN d’obtenir son sésame pour être mis en œuvre dans toutes les sociétés du Groupe SAFRAN. Cela a été le cas d’abord, le 28 mai 2010 lors de la réunion du Comité de Groupe, où l’expert-comptable SECAFI a présenté son rapport d’études, aussitôt suivi d’un avis (motion). Et depuis, tour à tour, dans toutes les sociétés du Groupe, comme à Snecma les avis sont donnés par les différents CCE/CE du Groupe. Celui de Snecma a été obtenu lors de la réunion du CCE du jeudi 9 juillet 2010. Il est, certes NEGATIF, mais il a été donné. Et c’était l’acte attendu.

Oh ! Cela n’a pas été fait sans le rituel habituel dans notre entreprise, constitué de torsions et de contorsions des uns et des autres, chacun jouant son jeu de rôle, avec au final, enfin ! Les « BONS » syndicats qui se sont abstenus ou sont sortis de la salle de réunion lors du vote et les « MAUVAIS » qui eux, ont voté un avis NEGATIF.

Alors, Chacun des acteurs est heureux et fier d’avoir bien défendu les salariés. Ils sont contents ; le projet n’est plus un projet. Il peut passer à la phase de mise en œuvre.

Tant sur SAFiRH que sur le projet SAFRAN Purchasing et comme toutes les réorganisations initiées dans le cadre de la démarche de progrès
SAFRAN +, l’organisation retenue est la même. Elle est basée sur les « Centres de Services Partagés » avec une Direction Centrale. Et c’est cela la nouveauté dans le Groupe SAFRAN.

Mais que nous dit ce rapport de l’Expert comptable SECAFI ?

Quelque chose que nous ne savions pas encore ou que nous feignions de ne pas savoir ?

A) Un projet dont les fondamentaux sont certes légitimes, mais dont la complexité organisationnelle et le mode de management sont facteurs de nombreux risques.

● Les fondamentaux du projet SAFRAN Purchasing semblent légitimes :

• Accroître la performance économique du Groupe…
• Améliorer le professionnalisme des Achats hors production à travers la création d’une filière métiers
• Augmenter la performance des Achats hors production…
• Garantir le niveau de service attendu par les sociétés du Groupe
• ….. Tout ceci fait sens et ne peut en soi être contesté….
• ….. Car, c’est bien la raison d’être d’un groupe que d’actionner toutes les synergies possibles dès lors qu’elles sont génératrices de performance économique comme d’amélioration de la qualité….

Commentaire de UNSA : Pour un Groupe industriel international de hautes technologies, de plus de 25 sociétés différentes, plus de 45.000 salariés, crées en 2005 à partir de conglomérat, de groupes et de sociétés différents, d’histoires et de cultures différentes, « la Palisse » ne dirait pas autre chose !

B) Le choix de la forme « Centre de Services Partagés » versus « Direction Centrale » peut également être jugé pertinent.

• Dès lors que l’objet d’un projet est évaluable, mesurable, qu’il peut faire l’objet de Benchmarks et de suivi quantifiable de la performance, la forme CSP est retenue. Elle fait gagner en clarté et en exigence ;
• Vue côté DG Groupe, elle constitue une forme d’organisation relativement pratique, car fondée sur une évaluation des résultats donnant lieu en contre partie à versement de fees par les sociétés ;
• Tant que le système fonctionne sans récriminations, que les fees sont payées, c’est qu’une forme d’équilibre est atteinte….

Commentaire de l’UNSA : Pas de commentaire particulier sur ce chapitre

C) La forme « CSP » n’est pas nécessairement l’antichambre à l’externalisation pure et simple

• Certes, cette structure peut faire craindre une externalisation de l’activité demain, tant il est simple de la « découper selon le pointillé préalablement tracé » ;
• Néanmoins, pour ce qui concerne SAFRAN Purchasing, le périmètre retenu qui mord très largement dans des domaines extrêmement sensibles pour la performance industrielle, nous fait penser que le risque est quasi inexistant au niveau de l’ensemble des Achats hors production ;
• Ceci n’exclut pas l’éventualité d’externalisations ponctuelles et partielles sous la forme, par exemple, de prestations élargies confiées à certains prestataires.

Commentaire de l’UNSA : Sur ce chapitre, l’UNSA émet de sérieuses réserves, voire même carrément un scepticisme raisonné. Nous avons hélas ! La quasi-certitude que la partie centrale de la CSP a dans son principe une finalité d’externalisation.

D) En revanche, les modalités de management mises en œuvre vis à vis des structures existantes posent problème.

Commentaire de l’UNSA : Nous en sommes d’accord !

Le rapport de l’Expert comptable SECAFI ne s’arrête pas là !

Il confirme le caractère BIG BANG organisationnel de cette réorganisation basée sur les Centres des Services Partagés (CSP).

Les premières conséquences sont d’ordre social :

36 suppressions de postes sur l’effectif initial de 280 personnes concernées dans le Groupe (30 suppressions (ETP) Equivalent Temps Plein sur un effectif initial de 150 ETP pour SAFiRH) ;
● Environ 140 personnes sont appelées à changer de contrat de travail et de statuts dans le cadre de ce projet en rejoignant SAFRAN SA, le holding sans avoir à quitter leur site respectif actuel (80 en ETP pour SAFiRH sont dans la même situation) ;
● Plus de 50 personnes (25 % de l’effectif de départ) sont appelées à être en mobilité géographique.

Ces premières conséquences peuvent paraître aux yeux de certains comme peu de chose face à la situation de l’emploi dans notre pays. Mais, pour les salariés du Groupe SAFRAN, dont plus de 75 % de son effectif sont issus des entreprises du secteur Public, privatisé seulement à partir de 2005, c’est un changement de monde, malgré que ceux-ci aient déjà montré leur capacité d’adaptation depuis plus de 35 ans en travaillant avec General Electric.

Cela a été le cas pour Renault, France Télécom…, pour ne citer que ces deux. Justement, ce sont dans ces deux ex-groupes du Secteur Public, comme Snecma aujourd’hui SAFRAN qu’il y a eu, hélas ! Nombre de salariés suicidés. Ce qui a fait la UNE des médias. Alors, attention que le Groupe SAFRAN n’en prenne pas aussi le même chemin.

A l’UNSA, nous ne le pensons pas. Raison de plus, pour dire, ATTENTION ! CASSE-COU !

La DG Groupe précise le volet RH et Social

Certes, face à ce changement, la DG Groupe précise le volet RH et social, avec :

a) Des mesures d’accompagnement de la mobilité :

● Pour la DG Groupe, l’enjeu est de mettre en place les conditions pour que les salariés des Achats hors production puissent rejoindre le CSP ; précisant que l’organisation proposée, avec une organisation en région, trois antennes centrales, vise à limiter la mobilité géographique et à développer l’attractivité des postes (parcours de formation certifiant ou diplômant).

● Deux types de mesures sont envisagés :

• Application des conditions de mobilité suivant les barèmes en vigueur à ce jour et application rétroactive des résultats de la négociation GPEC en cours, si elle s’avère plus favorable.
Une étude individuelle de chaque situation sera faite afin de permettre à chacun de rejoindre le CSP dans les meilleures conditions.

● Enfin, les salariés qui auront rejoint le CSP et qui souhaiteraient à moyen terme réintégrer leur société d’origine, pourront postuler sur des offres de leur société d’origine….

b) Des formations tout au long d’un parcours professionnel :

3 niveaux :

• Nouveaux Acheteurs (avec 1 module) => Evaluation des acquis pouvant déboucher sur un Certificat

Acheteurs confirmés (avec n modules) => Evaluation des acquis pouvant déboucher sur un Certificat

• Acheteurs Managers/experts => Formation diplômante pouvant aboutir à un Mastère Acheteurs

c) Un plan de conduite du changement pour accompagner le projet :

Le plan consiste à informer, impliquer les différents Acteurs du projet (salariés, prescripteurs, fournisseurs) et bien préparer la phase de déploiement. Ce projet comporte plusieurs volets :

Informer : Lettre d’information mensuelle, rubrique, réunions de communication…
Impliquer : Séminaires avec les chefs de projet, groupe de travail…
Accompagner : Manuel des modes de fonctionnement du CSP…
Former : Parcours de formation Achat…

d) Impact du projet sur les Représentants du Personnel

C’est la partie oubliée du projet !

Les réponses données par la DG Groupe sont non satisfaisantes. C’est un point qu’il conviendrait de revoir.

Que demande l’UNSA dans le Groupe SAFRAN ?

Avant toute chose, une nouvelle approche du dialogue social pour traiter ces sujets par les Syndicats.

L’UNSA ne demande pas l’approche d’un dialogue social calqué sur le modèle « Cogestion à l’Allemande ». Ce n’est pas notre culture.

L’UNSA demande simplement aux Syndicats de l’entreprise de jouer Carte sur table et l’assumer !

A quoi cela sert-il de partir en guerre, d’être CONTRE, de s’OPPOSER, d’AFFRONTER, pour finalement accepter en donnant chaque fois l’impression aux salariés que nous subissons les décisions de l’entreprise ? Ce sont ces grands écarts permanents qui affaiblissent l’action des Syndicats et qui font dire aux salariés : Cela ne sert à rien les syndicats. Ce qui est tout à fait inexact !

L’UNSA demande, que dès l’apparition du sujet, une négociation PIED à PIED s’ouvre avec la DG Groupe ou la DG Société au niveau où le sujet doit être traité en vue d’aboutir à un résultat GAGNANT/GAGNANT, à la fois pour l’entreprise et pour les salariés. En quoi cette démarche serait-elle anormale ?

Nous avons la certitude que les salariés seront les meilleurs bénéficiaires dans cette démarche. Alors qu’avec le système d’aujourd’hui, il ne profite qu’à ceux dont c’est la raison d’être et de leurs succès relatifs. Ce ne sont que des succès en trompe-œil qui nous affaiblissent tous, collectivement.

Tout négociateur, sait qu’en négociation, chacune des parties prenantes connaît en arrivant, les limites au-delà desquelles elle n’ira jamais. Bien négocier, c’est trouver ces points et aboutir à des résultats GAGNANT/GAGNANT, quitte parfois, lorsque cela est nécessaire, accompagner cette négociation avec de la grève, mais juste ce qu’il faut.

Sur ce dossier en particulier, l’UNSA réitère sa demande de l’ouverture d’une négociation au niveau du Groupe et des sociétés sur cette nouvelle organisation basée sur les CSP afin de donner une assise contractuelle au fonctionnement des CSP et donner des garanties aux salariés, sécuriser leurs parcours, lorsqu’ils seront amenés à y être affectés.

C’est l’objet du courrier que la Secrétaire du Syndicat UNSA Snecma, madame Elena NECHEPORENKO a adressé en avril 2010 à la Direction du Groupe SAFRAN, avec copie au DRH Snecma, Bruno PASINI

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